Les 5 et 6 octobre 2024, la Conférence Internationale sur la Recherche sur la Bisexualité a rassemblé un large panel de chercheurs, militants, artistes et membres de la communauté bisexuelle à travers le monde. Organisé par le Bisexual Research Group, cet événement a offert une plateforme unique pour explorer et débattre des enjeux liés à la bisexualité, à l’intersection des questions de genre, d’origine, de classe, de handicap, et d’identité.
Une conférence au croisement des disciplines
Le Bisexual Research Group, un collectif international dédié à la recherche sur la bisexualité+ (terme englobant toutes les orientations pour plus d’un genre), poursuit une mission claire : connecter les chercheurs de diverses disciplines et horizons pour échanger autour de l’impact de la bisexualité sur les vies des individus et les sociétés. Cette conférence a mis en lumière une multitude de sujets, allant de la représentation médiatique des personnes bisexuelles à la santé mentale, en passant par l’activisme et les relations de couple.
L’événement a réuni plus de 50 intervenants internationaux, parmi lesquels des chercheurs, militants et artistes. Ils ont partagé leurs travaux à travers des conférences, des tables rondes et des ateliers interactifs.
Des interventions marquantes
Parmi les présentations que j’attendais figurait celle de Zeynab Peyghambarzadeh, chercheur.e et activiste queer. Son intervention intitulée « A call to bi asylum inclusion in LGBTQ asylum support communities and bi communities » a mis en lumière les difficultés rencontrées par les demandeurs d’asile bisexuels. Zeynab, actuellement enseignant.e à l’Iran Academia University et membre fondateur.ice de l’organisation queer féministe Spectrum en France, milite pour une meilleure reconnaissance des personnes bi+.
Autre moment fort, Oli Lipski, connue sous le nom de The Queer Sensualist, a proposé une méditation sur la bisexualité et ses liens avec la sensualité. L’autrice et chercheuse est spécialisée dans la théorie queer et l’histoire de la bisexualité.
Enfin, Wohosheni, artiste et chercheuse française, a partagé ses travaux sur les archives françaises dans sa présentation intitulée « Bisexual voices in early French homosexual movement : bisexual presence and invisibility in the Front Homosexuel d’Action Révolutionnaire (1971-1973) ». Son travail explore l’invisibilisation des bi et les stéréotypes racistes sur les bisexuels nord-africains à l’œuvre à l’époque du Front Homosexuel d’Action Révolutionnaire (FHAR), un mouvement clé de la libération homosexuelle en France. Wohosheni a souligné l’absence quasi totale de travail sur l’histoire de la communauté bisexuelle en France et la centralisation des archives se concentrant sur Paris et ignorant les autres villes et territoires. Ses travaux sont publiés régulièrement sur la newsletter bie.
La présentation de Thaís Arnoud, psychologue brésilienne, a mis en lumière les expériences des femmes bisexuelles face à la violence conjugale et la biphobie en Italie et au Brésil. Intitulée « Intimate Partner Violence, Biphobia and Mental Health: Bisexual Women’s Experiences from Brazil and Italy », son étude a révélé les vulnérabilités particulières des femmes bi+ dans des contextes souvent marqués par la stigmatisation et l’exclusion. Thaís Arnoud a souligné la nécessité urgente de produire de la recherche hors des États Unis et de la Grande Bretagne pour quantifier les impacts de la biphobie dans les autres pays.
J’attendais personnellement avec impatience la présentation d’Amber Mclaughlin, intitulée « Lowering Intimate Partner Violence Against Bisexual Women: The Tools We Have and the Tools We Need ». Malheureusement elle a annulé sa présence pour des raisons inconnues.
Une avancée pour la recherche sur la bisexualité
L’organisation de la Conférence Internationale sur la Recherche sur la Bisexualité repose sur une équipe diversifiée de leaders et de chercheurs engagés dans la défense et la visibilité des personnes bi+ à travers des recherches interdisciplinaires.
- Aurelio Castro
Activiste bi+ et titulaire d’un doctorat en sciences sociales, Aurelio Castro se concentre sur les sexualités bi+, les masculinités et la construction sociale des orientations sexuelles à travers les récits personnels. - Ellen Davenport-Plesance
Doctorante, elle s’intéresse à la bisexualité+ et à la maternité, en explorant l’effacement des bi dans la recherche sur les familles, ainsi que les relations entre les mères bi+ et leurs enfants. - Gabryelle Iaconetti
Doctorante et historienne orale, Gabryelle Iaconetti étudie l’histoire des communautés bisexuelles+, de l’activisme et de la création d’espaces dans l’Ontario de la fin du XXe siècle. - Taralyn Parr
Doctorante et directrice de cours, Taralyn Parr mène des recherches sur les personnes bi+ dans des rôles de leadership, ainsi que sur l’invisibilité et la sexualisation des personnes bi+ sur le lieu de travail. - Derek Sollberger
Data scientist et éducateur, Derek Sollberger étudie les questions liées aux données démographiques LGBTQ, en mettant l’accent sur les problématiques bi+. - Lucia Tralli
Docteure et professeure adjointe en études de genre et des médias, Lucia Tralli analyse la représentation bi+ dans les fictions médiatiques, avec un focus particulier sur les séries télévisées à l’échelle mondiale et en Italie.
C’est la troisième année consécutive que des travaux français sont présentés à la conférence. En 2022 j’y avais présenté le résultat de ma recherche sur le trauma religieux chez les personnes bi et pan. En 2023, j’y avais réuni les organisateurices d’initiatives locales françaises et belges pour un partage des pratiques et une évaluation de la situation de l’organisation communautaire française. C’est un vrai plaisir d’avoir pu assister à la présentation de Wohosheni et de son travail de recherche indépendante. Vous pouvez suivre l’actualité de la conférence internationale bisexuelle sur leurs réseaux sociaux (@bisexualresearch).